🟣 ERREUR 2000 - Twitch est en train de mourir
Dans cette édition particulièrement dense, nous allons ouvrir un dossier qui ne fait pas plaisir : celui de la mort de Twitch. 💀
Alors, prêche funeste et pessimiste en prévision d'Halloween pour créer du contenu saisonnier, ou bien conclusion évidente basée sur les dernières actions de Twitch ? A vous de voir.
🔥 LE SUJET DU MOMENT (Long Format)
Les Streamers sur Twitch se mettent à contempler YouTube
Et on ne peut pas leur en vouloir
Quelle semaine pour Twitch... D'un côté, YouTube se met à faire l'impensable (c'est à dire, écouter sa communauté de créateurs) et de l'autre, Twitch se retrouve face à une sacrée liste de polémiques et de postures gênantes. Lors de leur décision du bannissement des streams de certains jeux d'argent la semaine dernière, on aurait pu penser que leur blason était enfin redoré ! Que nenni.
Moins de 24h après cette annonce reçue pourtant extrêmement positivement par la communauté, et en pleine nuit pour les U.S., une publication a déclenché les hostilités : la révision officielle du niveau de partage des revenus des abonnements ! Jusqu'à présent, sur chaque abonnement les streamers touchaient de 50% de la somme, le reste allant à Twitch... mais pour les plus gros profils de la plateforme, un taux négocié à leur avantage leur permettait de toucher 70% de la somme !
Et bien tout cela va changer, nous explique Dan Clancy, Président et responsable des opérations chez Twitch ⤵️
A partir du 1er juin 2023 donc, les streamers bénéficiant du 70/30 seront ramenés au taux 50/50 pour les revenus au-delà de 100 000 dollars annuels.
️➡️ Epargnez-vous les 3/4 de la lettre du Président ci-dessus, nous avons synthétisé les raisons avancées par Twitch sans le blabla :
⚖️ "Holala, ce n'est pas très juste qu'il y ait des créateurs en 50/50 et d'autres en 70/30 en fonction de leur succès"
Pas vraiment : on comprend facilement que Twitch veuille choyer ses stars et leur proposer des contrats avantageux. C'était au contraire une approche commerciale plutôt logique que tout le monde comprenait, et cela donnait une marge de progression pour les créateurs en 50/50.
C'est donc un argument peu recevable dans la mesure où pour "rendre les choses plus justes", on pouvait tout aussi bien passer tout le monde en 70/30.
💸 "Notre plateforme coûte beaucoup d'argent à maintenir, nous n'avons pas les moyens de faire du 70/30"
C'est un problème de gestion et de stratégie d'entreprise qui ne concerne ni les créateurs, ni les viewers : remettre la faute sur ses utilisateurs et sur ses streamers qui sont justement ceux qui abreuvent la plateforme en contenus (et donc en revenus) est au mieux une dramatique erreur de communication et au pire une démonstration publique de déconnection totale avec sa communauté.
De plus, l'argument du coût en bande passante quand on appartient à Amazon et qu'on utilise Amazon Web Services à des taux extrêmement avantageux pour offrir un service sub-optimal en 6000 kbps ne tient pas. A titre de comparaison, YouTube permet un bitrate trois fois plus important (et donc plus couteux)... sans empêcher ses streamers non-partenaires d'accéder au transcoding (la fonction qui permet aux spectateurs d'ajuster la qualité d'un stream).
Déclarer son amour et son respect des créateurs au travers d'une longue lettre leur expliquant qu'on s'apprête à réduire leurs revenus en invoquant des prétextes hasardeux : forcément, la pilule ne passe pas... ⤵️
Et dans ce contexte, que penser du départ de Constance Knight, vice-présidente des créateurs & des contenus sur Twitch le même jour que l'annonce en question ? Ce n'est d'ailleurs pas le premier départ inquiétant de la plateforme, qui se vide petit à petit de ses plus grands profils. L'une de nos sources américaines opérant dans le secteur se confie :
"En deux ans, toutes les personnes réellement passionnées et soucieuses de la communauté ont soit quitté le navire, soit été poussées vers la sortie. Il ne restera bientôt plus que des robots qui ne comprennent rien à Twitch et dont le seul objectif est la rentabilité."
Le message envoyé à l'ensemble des créateurs est terrible
Pourquoi Twitch doit évoluer ou mourir d'ici deux ans
Récemment le co-fondateur de Twitch, Emmett Shear, expliquait tranquillement en interview qu'il était très difficile de se faire découvrir en tant que créateur sur sa propre plateforme et encourageait les streamers à publier davantage sur TikTok et YouTube pour combler ce manque. Pourtant, cette situation n'est pas un problème récent sur Twitch mais c'est bien la première fois que quelqu'un de l'entreprise l'admet publiquement en demandant littéralement à ses créateurs d'aller se faire découvrir ailleurs pour ramener du trafic (et donc des profits) chez eux. Audace troublante ou simple abdication ?
Du côté des créateurs, on commence à comprendre que leurs revenus sont directement rognés par Twitch, qui cherche à combler ses propres failles et corriger ses propres décisions stratégiques avec, en moins d'un an :
- La baisse du prix des abonnements dans la plupart des pays
- L'augmentation du volume des publicités
- La fin de la répartition 70/30
- La baisse de 20% des revenus des Cheers (oui, on en parle plus loin dans cette édition)
Dans tous ces scénarios, les premiers perdants sont les créateurs, moteur de la communauté et premiers apporteurs d'affaires. Pourtant, l'époque où Twitch était la seule plateforme à proposer de lancer un livestream est révolue et en interne, on ne semble pas réellement saisir le drame de la situation : dans ce nouveau contexte, Twitch n'est plus qu'un service et non une plateforme. Or, face à la multiplication des plateformes justement, les créateurs ont un plafond de temps et de moyens de création qu'ils ne peuvent matériellement pas dépasser et vont donc s'orienter de plus en plus vers celles qui vont pouvoir cocher les cases suivantes :
- Avoir une bonne capacité à rendre le contenu découvrable
- Déjà posséder une large audience sur son portail
- Proposer du Live, des VODs et du contenu vertical
- Offrir une rémunération transparente et juste
- Répondre aux besoins des créateurs et des spectateurs
Et pas de chance pour Twitch, non seulement une telle plateforme existe déjà mais en plus, celle-ci a déjà commencé les hostilités sur tous les points évoqués ci-dessus. Car au même moment où Twitch maltraite financièrement ses créateurs et sature ses spectateurs de publicités à la recherche d'une rentabilité maximale tout en n'offrant en tout et pour tout qu'un simple service de diffusion en direct, YouTube a enclenché la vitesse supérieure dans une direction totalement opposée avec la révision récente de son YouTube Partner Program, ainsi qu'un moyen plus simple d'accéder aux premiers outils de monétisation qui sera annoncé début 2023.
En semblant accepter son rôle de service de livestreaming dépendant du trafic généré par ses créateurs depuis d'autres sites web plutôt que de se développer au-delà, Twitch s'expose à la fuite progressive de ces derniers au profit de plateformes ne nécessitant pas d'être en direct en permanence pour exister.
Cette notion de "plateforme" est centrale
Et l'équilibre à trouver l'est tout autant
En Astronautique, on définit une plateforme comme étant "une structure destinée à supporter une ou plusieurs charges utiles et équipée pour fournir les ressources nécessaires à leur fonctionnement". On pourrait donner l'exacte même définition pour notre situation mais ce n'est pas pour autant un mot magique pouvant résoudre tous les problèmes d'un coup.
Prenons Facebook, par exemple, pour illustrer une plateforme à succès se retrouvant aujourd'hui en situation d'échec : à vouloir surcharger sa plateforme pour répondre à l'intégralité des scénarios recherchés par son audience, Facebook a non seulement noyé son identité mais est en prime devenu complexe et illisible. Son erreur fondamentale est de proposer une vaste gamme d'outils hyper spécialisés mélangés entre eux qui se retrouvent dilués face aux usages communs de ses utilisateurs : quand on veut tout faire à la fois, on fait tout moyennement. D'ailleurs Meta, sa maison-mère toute enorgueillie par ses succès du passé n'apprend hélas rien de ses erreurs puisque la même chose est en train de se reproduire avec Instagram.
A contrario, YouTube fait des choix équilibrés : ils sont spécialisés dans la vidéo, ce qui implique le support de divers formats (VOD, live, vidéos courtes et verticales), et semblent avoir conscience de dépendre des créateurs et donc de devoir leur offrir des outils dédiés (qu'ils soient techniques, ou issus de partenariats comme avec l'industrie musicale) pour leur faciliter la création de contenus. Cela n'empêche pas YouTube de tâter les eaux sur d'autres formes de contenus comme les publications statiques avec son Community Tab, mais comme cet espace communautaire n'est pas central à l'utilisation, il ne perturbe pas le bon fonctionnement général. Bien entendu la plateforme fait parfois quelques erreurs de jugement, par exemple avec les formats VOD, Live et Short qu'ils ont mélangé ensemble dans un premier temps, mais qu'ils sont en train de séparer dans des onglets dédiés suite aux retours de la communauté.
A moins d'un véritable sursaut dans la culture d'entreprise chez Twitch et d'une stratégie rebâtie de zéro, il y a peu de scénarios dans lesquels le service de livestreaming sort gagnant sur un quelconque espace d'ici les deux prochaines années. A vrai dire, ils ont encore une courte fenêtre d'environ 3 mois devant eux pour renverser la vapeur avant le nouvel accès à la monétisation qui sera proposé par YouTube en tant qu'équivalent du contrat "Affilié" de Twitch, sans pour autant être à l'abri des facéties d'autres plateformes en embuscade (hello TikTok). Sauront-ils saisir cette opportunité ?
Aujourd'hui et dans le contexte actuel du secteur, l'offre que Twitch présente à ses actuels et futurs créateurs au travers de ses contrats "Affilié" ou "Partenaire" n'apporte aucun avantage tangible au delà de la monétisation et comme nous l'avons vu, cette monétisation voit sa valeur générale diminuer, rendant le contrat plus contraignant qu'avantageux.
La survie actuelle de Twitch tient à "l'avantage de l'usage", faisant de lui pour encore quelques temps la destination par défaut du spectateur cherchant spécifiquement des contenus en direct. Mais que se passera-t-il quand ces contenus seront diffusés ailleurs suite au départ des créateurs ?
📰 LE RÉCAP DE L'ACTU
🟣 Discord s'offre sa première campagne de marque en France
Et c'est d'ailleurs sa première campagne en dehors des U.S. également ! Dès lors on comprend bien à quel point la France est un marché important pour l'application, très utilisée par les groupes d'amis, de joueurs, ou encore les communautés axées autour des streamers.
Discord, ayant connu une véritable explosion durant le confinement grâce à sa facilité de mise en place et d'utilisation, n'a rien à envier aux applications similaires comme Slack ou Microsoft Teams en plus de profiter d'une image moins professionnelle et donc, davantage accessible à tous.
Il faut dire que Discord est à un moment charnière : le momentum gagné lors du confinement commence à s'essouffler, et son concurrent le plus avancé côté fonctionnalités, Guilded, vient de passer sous le giron de Roblox Corp cet été, leur offrant ainsi les moyens de rivaliser avec le géant mauve.
Côté Discord, la réponse a été immédiate avec le déploiement en cours de fonctionnalités déjà présentes dans Guilded comme les Forums ou le Server Home. Comme quoi, la concurrence a du bon !
🟣 Twitch lance les "SuperCheers"
Alors là, on l'avait pas vu venir. D'ordinaire, on rigole gentiment en regardant YouTube tenter parfois maladroitement de ressembler à Twitch pour étoffer son outil de livestreaming mais là... c'est l'inverse ! Découvrez donc la toute dernière nouveauté de Twitch : les... "Direct Cheers". Oui, ce sont les "Super Chats" de YouTube avec une moustache :
Exit donc les Bits, la monnaie virtuelle de Twitch qui servait d'intermédiaire entre votre argent réel et l'envoi d'un Cheer ! Un changement qui n'est pas qu'esthétique puisqu'une petite entourloupe vient s'y glisser pour ponctionner toujours plus d'argent aux streamers 💸
Avant : Pour un don équivalent à 1€, le spectateur devait acheter 100 Bits au prix de 1,40€, Twitch prenant une marge de 30% sur l'achat de Bits. Total : 1€ dans la poche du streamer.
Maintenant : Avec un don de 1€ avec les Direct Cheers, le spectateur dépense 1€... et Twitch prend une part de 20% sur les revenus du streamer. Total : 0,80€ dans la poche du streamer (avant les frais et les taxes).
Heureusement, cette ponction monétaire s'accompagne de quelques nouveautés communautaires pour cacher la misère de ce changement : la mise en avant du message associé au Direct Cheer, ainsi que le déblocage d'une emote au choix du donateur (et uniquement pour la durée du live) pour des spectateurs aléatoires dont le nombre est déterminé par le montant du Direct Cheer.
On sent la fatigue un peu, non ? 🤡
🟣 Un calendrier unifié de vos prochains programmes suivis, désormais disponible sur Twitch
Enfin, Twitch a répondu favorablement à une suggestion de la communauté avec la présence toute neuve d'un calendrier des prochains streams prévus sur les chaînes que vous suivez :
Un clic sur le bouton "Rappels" activera une notification au moment du live en question ! Vous le trouverez sur votre liste de chaînes suivies, tout en bas de votre écran, et son utilisation ne coûtera que 1,99€ par m- OH CA VA ON RIGOLE, c'est bien entendu gratuit.
🟣 Guest Star, l'outil de visio de Twitch, disponible pour certains partenaires et affiliés selectionnés
En test depuis quelques mois, l'outil Guest Star commence à être déployé à plus large échelle sur Twitch et il faut bien reconnaître que le concept est bon.
Trivialisant la gestion des invités en direct, Guest Star permet à un streamer d'envoyer un simple lien à cliquer à n'importe qui pour le rejoindre en live, Webcam et Audio inclus au travers d'une source OBS.
Extrêmement pratique, l'outil n'est pas sans rappeler l'excellent VDO Ninja qui propose plus ou moins la même chose, avec quelques contraintes. N'hésitez pas à l'utiliser en attendant d'avoir accès à votre tour à Guest Star !
🟣 TikTok augmente la taille des descriptions de ses vidéos
Mise à jour mineure en apparence, la description des vidéos sur TikTok passe de 150 caractères à 2 200 ! Pour les créateurs, elle servira enfin à quelque chose d'autre qu'aux hashtags... mais le vrai gagnant, c'est avant tout TikTok.
Car dans la liste des ambitions de TikTok, il n'y a pas que le flux ininterrompu de contenus verticaux... il y a aussi le marché de la recherche sur Internet. Ne rigolez pas, c'est Google eux-même qui le disent : d'après leurs études, 40% des jeunes américains effectuent certaines recherches (comme le nom d'un restaurant par exemple) sur TikTok ou Instagram avant même de penser à Google (ou Maps).
Forcément, avec plus de place pour décrire les vidéos ou tag des partenaires, des lieux ou des produits, TikTok s'offre un dataset bien plus important pour rendre ses fonctions de recherche plus puissantes. C'est exactement ce qu'a fait Douyin (qui est TikTok avec un autre nom et réservé au marché chinois), au grand dam de Baidu, le moteur de recherche le plus utilisé du territoire qui depuis... voit ses parts fondre au profit de ce dernier.
De quoi avoir une petite idée de l'histoire qui se déroulera potentiellement dans nos contrées... 😅
🛠️ L'OUTIL DE LA SEMAINE
Windows 10 et 11 sont des systèmes d'exploitation assez polyvalents mais parfois, quelques améliorations côté interface utilisateur seraient les bienvenues.
Commencez dès aujourd'hui avec EarTrumpet, qui vient totalement remplacer le gestionnaire de volume par défaut avec une tonne de fonctions pratiques et utiles. Indispensable ? Non. Très pratique ? Sans aucun doute. ⤵️
💎 LE BONUS
La France a du talent (et le projet est disponible sur GitHub) ⤵️