đŁ ERREUR 2000 - Lire ? Pour quoi faire ?
Connaissez-vous le "Facepalming", cette nouvelle tendance qui consiste à effectuer une rotation du coude afin que la paume de notre main observe une translation de son point de départ "A" au point d'arrivée "B" situé au centre du front ?
Parce que cette semaine, je peux vous assurer que mon front est désormais concave, preuve s'il en est qu'ERREUR 2000 ne loupe pas ce qui fait l'actualité.
Bonne lecture ! đ¶
đ„ LE SUJET DU MOMENT
đŁ Encadrement de "l'influence commerciale" : trop long, pas lu
SacrĂ©e tempĂȘte en ce dĂ©but de semaine dans le monde de l'influence et des crĂ©ateurs de contenus, sur fond de "rĂ©gulation des mĂ©tiers de l'influence". Entre amateurisme, quiproquos, rĂ©actions Ă chaud, raccourcis douteux et incapacitĂ© gĂ©nĂ©rale Ă tout simplement savoir lire, on a dĂ©jĂ la base d'un futur sketch pour le Palmashow.
La base ? Le projet de loi issu de trois mois de travail transpartisan, doublĂ© d'une consultation publique auprĂšs de 19 000 français, ainsi que de 400 professionnels et parties prenantes du secteur de "l'influence commerciale" via plusieurs tables rondes et rĂ©unions bi-latĂ©rales. Une base suffisamment solide donc, puisque du consommateur aux agences, tout le monde semblait globalement satisfait du projet qui serait prĂ©sentĂ© dĂšs ce lundi 27 Ă l'AssemblĂ©e, et passerait au vote ce mardi 28 au soir. —ïž
Et l'histoire s'arrĂȘte lĂ ... bien sĂ»r que non enfin ! InquiĂšte de la perception de ce qu'est un "influenceur" par les dĂ©putĂ©s, l'UMICC (la toute rĂ©cente Union des MĂ©tiers de l'Influence et des CrĂ©ateurs de Contenu), a rĂ©digĂ© une tribune Ă l'attention des DĂ©putĂ©s, publiĂ©e sur le site du JDD en amont des dĂ©bats Ă l'AssemblĂ©e afin de tenter d'apporter de la nuance dans ce que sont ces mĂ©tiers. Celle-ci indique qu'elle est co-signĂ©e par 150 crĂ©ateurs de contenus, listĂ©s en fin de tribune —ïž
Jusque là , tout va toujours bien. La tribune est un peu maladroite sur certaines tournures, mais on comprend bien l'objet : l'actualité autour du secteur n'était pas particuliÚrement reluisante ces derniers temps, avec d'énormes scandales autour de certaines agences d'influence, de la mise en avant de produits douteux voire dangereux pour la santé, du dropshipping, etc. L'enjeu est clair et peut se résumer en "ne stigmatisez pas toute la profession à cause de quelques influvoleurs". Elle rappelle aussi qu'ils sont "favorables à un encadrement du secteur", en rapport avec le projet de loi en question, d'ailleurs salué publiquement par l'UMICC également (et pour cause, puisqu'ils ont aussi participé aux réflexions et consultations autour dudit projet de loi).
Quand soudain, la reprise de cette tribune par BFM tombe :
Reprenant habilement la conclusion écrite de la tribune, non sans l'avoir déshabillée de tout contexte pour en faire un titre qui clique, le moins que l'on puisse dire est que cela a fonctionné : c'est cet article là qui s'est propagé comme une traßnée de poudre. Et ce titre a suffit pour qu'une tribune favorable au projet de loi pour encadrer le secteur soit remixée en "LA TRIBUNE DES INFLUENCEURS CONTRE LA LOI" sur les réseaux sociaux.
Vous connaissez la suite : les signataires les plus influents se retrouvent à crouler sous les insultes, et certains prennent la parole et alors là tenez vous bien car rien ne va plus, puisque ces prises de parole se segmentent en plusieurs catégories :
- J'ai signé la tribune sans la lire (hein ?)
- J'ai signé cette tribune mais j'ai pas compris qu'elle était contre (pardon ?)
- J'ai jamais signé cette tribune (ok là , ça nous intéresse)
Si ce dernier point nous interroge, et demandera à l'UMICC de s'expliquer publiquement sur les méthodes d'obtention des signatures, c'est à ne plus rien y comprendre pour autant.
A quel moment, en tant qu'individus, en tant que professionnels, en tant que journalistes, avons-nous définitivement perdu notre capacité à ... juste lire ? Qu'il s'agisse de la tribune ou du projet de loi, nos émotions et nos fantasmes ont donc été à ce point malmenés par notre désastreuse hygiÚne numérique jusqu'à les laisser nous dicter nos mots et réactions ?
Si la rĂ©action du public est si dure, elle peut toutefois s'expliquer. PĂȘle-mĂȘle, il est reprochĂ© Ă certains signataires d'avoir fait des campagnes douteuses dans le passĂ©, mais Ă©galement d'avoir attendu que des scandales Ă©clatent pour au mieux prendre la parole, au pire se mettre eux-mĂȘmes en conformitĂ©. L'UMICC en prend aussi pour son grade, car issue d'un regroupement d'agences et donc jugĂ©e partisane. Ajoutez à ça le climat social du moment, et vous avez le parfait cocktail dĂ©phasĂ© qui ne symbolise en rĂ©alitĂ© qu'une seule chose : la rupture de confiance. En laissant perdurer les sponsorings douteux, en fermant les yeux sur les arnaques, en ne prenant pas la parole pour dĂ©noncer les truands, en se dĂ©douanant de tout, le secteur de "l'influence commerciale" s'est laissĂ© empoisonner.
Voilà donc l'histoire de comment la tribune promouvant un projet de loi dédié à la protection des consommateurs mais rappelant au passage que "not all influenceurs are bad" s'est hélas, retournée contre son propre secteur au sens large. Il y a une part de malchance, une part de titre trompeur, une part de contexte... mais aussi une part de vérité : celle de la responsabilité.
Agences, Créateurs de contenu : Que cela nous serve de leçon pour l'avenir.
đ° LE RĂCAP DE L'ACTU
đŁ Parlons un instant de l'Ă©tat du paysage du livestreaming
Vous le savez, prĂšs de 400 employĂ©s ont Ă©tĂ© licenciĂ©s rĂ©cemment chez Twitch. ERREUR 2000 renouvĂšle par ailleurs son soutien aux personnes concernĂ©es par ces licenciements, qui arrivent non seulement de maniĂšre abrupte, mais aussi aprĂšs plusieurs jours d'incertitude puisque l'information est tombĂ©e dans les mĂ©dias avant mĂȘme que l'on sache exactement qui serait "remerciĂ©".
A cÎté de ça, Meta a également licencié plusieurs dizaines de milliers (vous avez bien lu) d'employés coup sur coup, et retiré 5 000 postes à pourvoir de ses listings.
Le monde de la Tech traverse une pĂ©riode d'incertitude et de redĂ©finition des enjeux. ForcĂ©ment, le secteur du livestreaming s'en trouve impactĂ© : Twitch n'atteint pas les objectifs prĂ©vus et se voit privĂ© de nombreux talents historiques en interne, Facebook Gaming se montre soudain trĂšs discret et ferme son "Path to Partnership" (l'Ă©quivalent du Partner Program de chez Twitch), TikTok commence Ă ĂȘtre sur la sellette dans de nombreux pays vis Ă vis de sa gestion des donnĂ©es et de son lien avec la Chine...
Une question nouvelle devrait se poser pour les créateurs de contenus : quelle est la stabilité de la plateforme sur laquelle j'opÚre mes activités ? On écrit "devrait", au conditionnel donc, puisque nous observons des créateurs migrer vers Kick, une copie parfaite de Twitch, promettant un partage des revenus de 95% pour les créateurs, du jamais vu dans l'industrie.
Pourtant, qui pourrait miser sur une plateforme copiée intégralement sur Twitch, détenue par une plateforme de jeux d'argent en ligne, aucune modération de contenus (littéralement) sous couvert de "liberté d'expression", en roue libre sur le partage de contenus copyrightés... ? Personne doté d'un peu de bon sens. C'est un désastre évident en approche.
Il ne reste donc que YouTube, ironique quand on connait le passif des produits chez Google, pour reprĂ©senter ce bastion de stabilitĂ© de type "trop gros pour Ă©chouer", et dont la crĂ©ation de contenus aux formats variĂ©s est au cĆur de son business et de son identitĂ©. Et... ce n'est pas une bonne nouvelle.
Cette année sera décisive pour ce secteur. Le rÎle d'informateur critique d'ERREUR 2000 implique d'alerter les créateurs de contenus : continuez à diversifier vos sources de revenus, mais également vos plateformes. Aujourd'hui, nous dépendons de quelques plateformes, demain, nous courrons le risque de ne dépendre que d'une seule, qui fera la météo comme bon lui semble. Il vous faut penser dÚs maintenant à un plan B pour ne pas perdre la seule chose qui compte vraiment : votre communauté. Ouvrez un site, une newsletter, n'importe quel systÚme adapté à vos usages et sur lequel VOUS avez la main pour vous permettre de rester en contact avec elle.
đŁ Twitter : le bleu aux commandes (ça tourne mal)
Pas simple de suivre toutes les fraques de notre Business Genius en Chef. On va faire simple avec un récap de ce qui arrive sur Twitter d'ici peu :
- Les comptes vĂ©rifiĂ©s originaux perdront leur coche bleue dĂšs le 1er avril, sauf s'ils payent pour Twitter Blue —ïž
- Un nouveau flux par défaut a été déployé récemment, le "For You". Il s'agit d'un flux algorithmique vous proposant des tweets de personnes que vous suivez, mélangés avec des tweets de personnes que vous ne suivez pas mais qui "pourraient vous intéresser d'aprÚs leur contenu". A partir du 15 avril, seuls les comptes vérifiés viendront polluer votre flux de la sorte.
- Toujours Ă partir du 15 avril, seuls les comptes vĂ©rifiĂ©s pourront rĂ©pondre aux sondages sur Twitter. Notez que pour ces deux derniers points, la vĂ©rification est dĂ©sormais soumise Ă un abonnement payant Ă Twitter Blue. —ïž
- La coche bleue devenant inéluctablement l'équivalent d'un papier "Frappez-moi s'il vous plait" collé sur le front, une option pour masquer la coche bleue payante arrivera trÚs bientÎt dans les options.
Peut-ĂȘtre que cette nouvelle stratĂ©gie aidera l'entreprise Ă recouper la perte de plus de 50% de sa valeur depuis l'arrivĂ©e de son nouveau CEO —ïž
Alors aux haters qui diraient qu'avec seulement 300 000 abonnĂ©s payants, Twitter Blue est un Ă©chec : nous trouvons qu'au contraire, avoir rĂ©ussi Ă scam presque 0,1% des utilisateurs de Twitter, c'est tout de mĂȘme un sacrĂ© tour de force. De quoi recouper les 22 milliards de dollars qui manquent pour atteindre l'Ă©quilibre d'ici 764 ans. Vous ĂȘtes juste jaloux, avouez-le...
đŁ Michou dĂ©laisse YouTube Gaming pour Twitch
On va vous dire la vérité : on ne l'avait pas vu venir. Presque en écho à notre constat sur l'état du secteur du livestreaming, Michou a finalement opté pour séparer ses formats live de ses vidéos YouTube et lancera son tout premier Live Twitch ce jeudi à 20h.
D'expérience, les YouTubers à succÚs qui transitionnent vers Twitch y parviennent sans trop de difficulté, alors que l'inverse ne se vérifie pas systématiquement. Michou peut donc déjà tabler sur un beau nombre de spectateurs pour ce tout premier live !
đŁ Le Moustach'Show remet ça pour 2023
Voici une belle histoire : celle d'une streameuse, TsukiMegami, qui récolte des dons pour une association au travers de sa chaßne Twitch via des événements ponctuels, puis qui voit son projet grandir avec le temps : une autre créatrice la rejoint dans l'aventure, puis un autre créateur... d'événement en événement, ils étaient 11 créateurs et créatrices pour l'édition 2022.
Cette année ? VINGT-QUATRE.
Toujours au profit de l'association Moustaches et Compagnie, on espÚre qu'il récolteront un maximum de dons et qu'il dépasseront leur record précédent ! Retrouvez les dates dans la section des "Events à ne pas louper" un peu plus loin dans cette édition !
đŁ ZLAN 2023 : Annonce en live ce soir
Bin c'est tout, c'est la news. Et la fin du récap de l'actu !
đ LES EVENTS Ă NE PAS LOUPER
Prochainement :
- La Gamers Assembly 2023, du 8 au 10 avril au Parc des Expositions de Poitiers
- Le Carrydons 2023, du 14 au 16 avril, au profit de l'association AvA (protection des animaux)
- La seconde édition de Battle4 aura lieu comme la premiÚre au Stade de France les 21, 22 et 23 avril 2023, et portera sur la sensibilisation du handicap visible et invisible avec les associations Handicap International (France) et Premiers de cordée. Je participe cette année encore à cet événement !
- Le Moustach'Show, du 19 au 21 mai, au profit de l'association Moustaches et Compagnie (protection des animaux)
- L'Arma des dons 2023 se déroulera en ligne les 13, 14 et 15 octobre 2023, au profit de la Ligue Contre le Cancer. Via ses éditions précédentes, l'Arma des dons a déjà récolté plus de 110 000 euros pour la recherche médicale !